AIME (2000)

Archivage Intelligent Multimédia Economique

Au SEFOR de Ouagadougou en octobre 2000, quelques membres de l’atelier stratégie évoquent avec le secrétaire général le long de la piscine de l’hôtel Indépendance leur intention de rédiger « une déclaration de Ouagadougou » sur l’archivage numérique ! La réponse d’Abdelkader Marzouki fuse instantanément : des déclarations de ce genre il n’en savait plus qu’en faire, et qu’il fallait donc trouver mieux que cela ! Ce soir-là, l’évanescent « Taxi-Brousse » allait servir à l’insu de son plein gré à une dynamique bien singulière : un projet d’archivage numérique porté sur les fonts baptismaux de Ouaga 2000 !

Quelques semaines plus tard, le projet intitulé AIMÉ (Archivage Intelligent Multimédia Economique) allait mobiliser le CIRTEF durant de longues années ! La vision visait à contribuer à l’établissement d’une approche ouverte (basée sur les langages de l’internet) et à la mise à disposition de produits génériques pour créer le noyau de chaînes technologiques numériques de représentation, de structuration et d’indexation. De plus, les formats de représentation des métadonnées devaient pouvoir être associés avec le contenu des médias auxquels elles se rapportent suivant une approche adéquate pour un archivage, une communication et une exploitation ouvertes, évolutives, portables et pérennes.

Le choix technologique était de baser cet archivage sur un format d’échange universel [basé sur les technologies d’Internet et des ‘Sites Web’, les mécanismes méta (en particulier XML et SMIL) et les formats normalisés de représentation multimédia], choix cohérent et durable pour envisager des protocoles interactifs en ligne, spécialement l’exploitation via Internet et l’Intranet.

Le développement du projet a été porté conjointement par le CIRTEF ainsi que des partenaires membre de l’association TITAN (Belgavox, InOvo, et Minotaur) regroupé dans un « consortium ». (Lien vers l’accord de consortium en pdf).

Ces chaînes devaient pouvoir opérer tant en manuel, qu’en automatique ou en mode mixte ; de même, en temps réel de flux ou de lots ou encore en temps différé. En effet, l’indexation et la structuration automatique ne pouvaient s’exprimer que dans le contexte d’une synergie entre des fonctions automatiques, semi automatiques ou manuelles assistées.

L’objectif était d’adopter des formats et supports de représentation de données qui soient non-propriétaires ainsi que de publier sous contrôle (idéalement par la normalisation) la définition du noyau sous forme de (méta-)métadonnées, structures, interfaces et protocoles. L’architecture anticipait les développements du web sémantique : le RDF (Resource Description Framework ) et l’OWL (Web Ontology Language) développé par le W3C (World Wide Web Consortium) qui figurent sur ce schéma en vue d’offrir une base solide et surtout évolutive pour l’exploitation des contenus audiovisuels en radio et télévision interactive.

Ce projet sera au centre du premier Pré-SEFOR Archivage à Dakar en 2001(Lien vers la description du projet en pdf). En 2002 un serveur avec une application prototype fera le voyage en bagage à main pour le Pré-SEFOR Archivage à Niamey en 2002 ! Des démonstrations dans l’espace virtuel ainsi qu’une démonstration avortée lors de la cérémonie de clôture !

La suite se révélera fort délicate … le rejet du projet au niveau de la politique scientifique belge, les lobbies (internes à la RTBF et externes), la volonté de réduire la vision technologique à un format « table », les dissensions au sein du consortium, les réalités des politiques de coopérations, la justice, … rendront l’achèvement et sa mise en œuvre particulièrement délicate !

La mise en œuvre se fera dans une version de base (Web 2.0 : technologie table disponible en 2003) et le déploiement sera géré exclusivement par le CIRTEF !

AIME a été utilisé dans 21 pays africains : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, République Centrafricaine, Congo, Côte d’Ivoire, République Démocratique du Congo, Djibouti, Gabon, Guinée, Madagascar, Mali, Maroc, Mauritanie, Maurice, Niger, Sénégal, Seychelles, Togo et Tunisie

Ironie de l’histoire, un développement de cette architecture conçue il y a plus de vingt ans n’existe toujours pas à l’heure actuelle ! Les concepts d’ouverture et d’interopérabilité porté par de la technologie récente devraient permettre de concevoir un « AIMER+» pour assurer la migration des systèmes installés et assurer un archivage pérenne !